Les mesures d’adaptation restent insuffisantes, selon l’ONU.

Face au changement climatique, l’humanité a deux moyens d’action : l’atténuation, qui consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement de la planète, et l’adaptation. Cette dernière correspond à une « démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences, de manière à en atténuer les effets préjudiciables et à en exploiter les effets bénéfiques », selon la définition du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mis en place par l’ONU en 1988. Si les mesures d’adaptation se développent, elles restent insuffisantes, selon l’ONU.

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brief.me|PANORAMA
Climat
S’adapter aux changements
Mise à jour le 17 septembre 2023

Face au changement climatique, l’humanité a deux moyens d’action : l’atténuation, qui consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement de la planète, et l’adaptation. Cette dernière correspond à une « démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences, de manière à en atténuer les effets préjudiciables et à en exploiter les effets bénéfiques », selon la définition du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mis en place par l’ONU en 1988. Si les mesures d’adaptation se développent, elles restent insuffisantes, selon l’ONU.

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POURQUOI ÇA COMPTE ?
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Un climat qui se réchauffe

L’évolution du réchauffement climatique est étudiée par le Giec. Ses cinq scénarios, même les plus optimistes, prévoient une hausse des températures jusqu’à 2050. Cette augmentation a déjà commencé : en 2022, la température moyenne sur la planète était supérieure de 1,215 °C par rapport au niveau moyen de l’ère préindustrielle (1850-1900), selon l’Organisation météorologique mondiale, une agence de l’ONU. Elle estimait que « la probabilité d’un dépassement » de la limite de 1,5 °C fixée par l’accord de Paris « augmente avec le temps ». Fin mai, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a déclaré que le scénario « intermédiaire » du Giec, qui prévoit une hausse de la température mondiale d’environ 2,7 °C d’ici 2100, était « plus réaliste que pessimiste ». Une telle augmentation se traduirait par une hausse de la température moyenne d’environ 4 °C en France métropolitaine d’ici 2100, selon le gouvernement.

Les conséquences du réchauffement

Le changement climatique a pour conséquence une augmentation de la fréquence ou une aggravation de l’intensité de nombreux phénomènes tels que les épisodes de pluie intense ou de sécheresse, les vagues de chaleur ou de froid, les incendies, les ouragans, les glissements de terrain ou encore la hausse du niveau de la mer et le réchauffement des océans. Ces répercussions varient d’un territoire à l’autre et certains pays qui ont peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre, tels que le Bangladesh et le Nigeria, sont d’ores et déjà parmi les plus touchés, selon le Programme des Nations unies pour le développement, un organe de l’ONU. Tous ces changements ont des effets négatifs sur les êtres humains, la faune et la flore. Plus le réchauffement est élevé, plus les conséquences sont importantes. Parmi les secteurs économiques les plus affectés figurent l’agriculture, la pêche, le tourisme ou encore l’assurance.

Les mesures d’adaptation

Si les solutions d’adaptation sont nombreuses, que ce soit au niveau individuel ou collectif, elles doivent être pensées localement, en fonction des besoins de chaque territoire, explique l’ONU sur son site. Elle cite de nombreux exemples d’adaptations réussies comme à Miami, aux États-Unis, où la municipalité surélève le niveau des rues, ou en Bosnie-Herzégovine, où les agriculteurs ont modifié leurs choix de cultures pour faire face aux sécheresses, par exemple en délaissant les pommes au profit des pêches, qui s’accommodent d’un climat plus chaud. « Le défi majeur consistera à s’adapter à des conditions climatiques changeantes et largement incertaines à l’échelle locale », estimaient les chercheurs Valentine Van Gameren, Romain Weikmans et Edwin Zaccai dans un ouvrage de 2014. Fin 2021, au moins 170 pays et de nombreuses villes avaient inclus l’adaptation dans leurs politiques climatiques, selon le Giec.

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L’adaptation devient indispensable à mesure qu’on ne prend pas les mesures pour lutter contre le réchauffement.

Jean Jouzel
paléoclimatologue
juin 2023
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LES DATES À RETENIR
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1992
Premier cadre de coopération internationale

En juin 1992, lors d’une conférence internationale organisée par l’ONU à Rio de Janeiro, au Brésil, 153 États ainsi que l’Union européenne signent la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui entre en vigueur en mars 1994. Ce traité constitue le premier cadre de coopération internationale en matière de lutte contre le changement climatique. Il mentionne la nécessité de mettre en place « des mesures visant à faciliter l’adaptation voulue aux changements climatiques ». Toutefois, l’adaptation reçoit pendant plusieurs années « moins d’attention que l’atténuation », les États souhaitant « plus de certitude sur les impacts du changement climatique » et leur « vulnérabilité à celui-ci », explique l’ONU Climat, un organisme des Nations unies, sur son site. Il précise que l’adaptation prend de l’ampleur à partir de 2001, date de la publication du troisième rapport d’évaluation du Giec.

 
 
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2001
Création d’un observatoire en France

Une loi française crée en 2001 l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), chargé de formuler des propositions en matière d’adaptation. Cette création marque « le début de l’action française » dans ce domaine, analyse le climatologue Michel Galliot dans un article de 2013. La France devient en 2006 le deuxième pays, après la Finlande, à se doter d’une stratégie d’adaptation au changement climatique, puis le premier pays européen à mettre en place, en 2011, un plan national spécifique, appelé Pnacc. Le Pnacc recommande un ensemble de mesures précises dans divers secteurs. Dans son rapport annuel 2023, le Haut Conseil pour le climat, une instance consultative indépendante, estime que l’adaptation doit « changer d’échelle » en France, c’est-à-dire passer du « mode réactif prévalent aujourd’hui » pour devenir réellement « transformatrice ».

 
 
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2009
Mieux aider les pays en développement

Lors d’une conférence internationale sur le climat organisée en 2009 à Copenhague, au Danemark, les pays développés s’engagent à verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement à partir de 2020 afin de soutenir leurs actions d’atténuation et d’adaptation. Cet objectif n’a pas été atteint, mais il devrait l’être en 2023, d’après l’OCDE, une organisation intergouvernementale. 71 % des financements publics étrangers perçus en 2020 par les pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation sont des prêts à rembourser, selon l’OCDE. Selon l’ONU, l’aide pour l’adaptation se limite à 21 % des financements. Elle représente environ 16,8 milliards de dollars par an alors que « les coûts de l’adaptation dans les pays en développement pourraient atteindre 300 milliards de dollars par an d’ici à 2030 ».

 
 
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2022
Rapport du Giec

Le Giec publie en février 2022 le deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation. Cette partie traite des moyens de s’adapter aux effets du changement climatique. Le Giec constate que les mesures prises en la matière ont « augmenté à l’échelle mondiale », mais que « les progrès sont inégaux ». Ces lacunes sont dues « à un manque de financement, d’engagement politique, d’informations fiables et de sentiment d’urgence », estime-t-il. Il regrette que « seuls quelques pays » aient mis en place un suivi des actions mises en œuvre. Il ajoute que « des mesures qui sont efficaces maintenant à un endroit pourraient ne pas fonctionner dans 20 ans ». Il note aussi qu’au-delà d’un réchauffement de 1,5 °C, « l’efficacité de la plupart des options d’adaptation commence à décliner ».

 
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CHIFFRES À L’APPUI
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1 200 décès par an évités

Le « plan d’action face à la chaleur » mis en place en 2013 par la municipalité d’Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde, a permis d’éviter près de 1 200 morts par an en 2014 et en 2015, analysait une étude publiée en 2018 dans une revue scientifique. Ce plan a consisté à rénover des toits des ménages pauvres et à renforcer la prévention, par exemple avec des distributions de brochures sur les bons gestes à adopter. En 2010, plus de 1 300 personnes étaient décédées au cours d’une seule vague de chaleur dans la ville.

2,3 milliards d’euros supplémentaires par an

Il faudrait que l’État français consacre un budget supplémentaire d’au moins 2,3 milliards d’euros par an à l’adaptation aux conséquences du changement climatique, estimait l’Institut de l’économie pour le climat, un cercle de réflexion français, dans une étude de 2022. Parmi les chantiers prioritaires, il citait le renforcement des infrastructures de transport et la transformation des systèmes agricoles.

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Ceux qui en ont le plus besoin dans le monde en développement doivent être aidés à s’adapter à un climat plus rigoureux. Nous exhortons nos partenaires de l’hémisphère nord à respecter leurs engagements.

Ursula von der Leyen
présidente de la Commission européenne
novembre 2022
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QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ?
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Mal-adaptation

Le Giec définit la mal-adaptation comme les « mesures susceptibles d’aggraver le risque de conséquences néfastes associées au climat, y compris par une hausse des émissions de gaz à effet de serre, d’accentuer la vulnérabilité face aux changements climatiques ou de dégrader les conditions de vie actuelles ou futures ». Il précise que « ce résultat est rarement intentionnel ». Sur son site, l’Institut de l’économie pour le climat donne plusieurs exemples de mal-adaptation, comme l’utilisation en période de chaleur de climatiseurs qui rejettent de l’air chaud dans les rues et aggravent l’effet d’îlot de chaleur urbain ou encore comme la création de retenues d’eau alimentées par pompage (bassines et méga-bassines) pour maintenir des cultures agricoles devenues inadaptées au climat.

NGT

Développées depuis le début du XXIe siècle, les nouvelles techniques génomiques (NGT) permettent de modifier, de façon ciblée, le génome des plantes. L’objectif est de les rendre plus résistantes, en particulier aux conséquences du changement climatique. Si les NGT produisent des organismes qui sont modifiés génétiquement, cela ne se fait pas nécessairement en ajoutant des gènes étrangers, c’est-à-dire issus d’une espèce non croisable naturellement, comme c’est le cas avec les organismes génétiquement modifiés (OGM) traditionnels. « Pourquoi écarter la génomique, qui permettrait de gagner du temps au lieu de laisser la nature mettre un siècle pour sélectionner le bon gène ? », s’interrogeait le député européen Pascal Canfin (Renaissance) dans un article publié en juin dans Le Monde. À l’inverse, l’association de défense de l’environnement Greenpeace estime que l’utilisation des NGT, en plus d’être risquée pour l’environnement et la santé, renforce une poignée de multinationales de l’agrochimie.

Pertes et dommages

Les pertes et dommages surviennent lorsque les mesures d’adaptation sont « inefficaces, inadaptées à long terme ou tout à fait impossibles », selon le chercheur Saleemul Huq, spécialiste des questions climatiques. Les pertes et dommages sont définis par l’ONU Climat comme les dégâts causés par les catastrophes résultant du changement climatique, qu’il s’agisse d’événements extrêmes tels que les ouragans ou d’événements plus lents comme l’élévation du niveau de la mer. La nature des pertes et dommages varie selon les territoires. Les pays riches enregistrent les plus grandes pertes économiques, car les catastrophes y détruisent des actifs (logements, entreprises, bétail, etc.) dont la valeur est élevée. Les pays pauvres portent l’essentiel du coût humain.

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POUR ALLER PLUS LOIN
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Des solutions d’adaptation

Dans une infographie animée et très complète, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un établissement public français, explique le changement climatique, détaille ses principales conséquences dans une vingtaine de pays et dans les principales villes de France ainsi que les moyens de s’y adapter. Elle présente les mesures qui peuvent être prises au niveau collectif, mais aussi individuel.

La ville de demain

À quoi ressemble une ville adaptée au climat de 2050 en France ? Dans laquelle on pourrait vivre, sans suffoquer ? Dans un documentaire d’une cinquantaine de minutes baptisé « Fournaise : à la recherche d’une ville durable » et paru en 2022, le média Numerama est parti à la rencontre de ceux qui expérimentent déjà des solutions pour adapter notre quotidien au monde de demain.

C’était notre panorama sur l’adaptation au changement climatique.
Rédaction
Céline Boff
Infographie
WeDoData
Design
Upian
Crédits photo
Couverture : Chesnot / Getty Images.
Mise à jour le 17 septembre 2023
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