Les relations entre la France et le Niger
| Des militaires ont pris le pouvoir le 26 juillet au Niger en renversant le président, Mohamed Bazoum. Hier soir, ils ont donné 48 heures à l’ambassadeur de France pour quitter le pays, reprochant au gouvernement français des agissements « contraires aux intérêts du Niger ». Ancienne colonie française, ce pays d’un peu plus de 25 millions d’habitants avait conservé des liens importants avec la France depuis son indépendance en 1960, sur les plans militaire, économique et humanitaire. | | Situé sur des territoires conquis par la France à la fin du XIXe siècle, le Niger devient une colonie française en 1922. Il accède à l’indépendance le 3 août 1960, de manière pacifique. Le pays est alors dirigé par un parti unique qui porte à la présidence de la République Hamani Diori, qui avait exercé plusieurs mandats de député français représentant du Niger dans les années 1940 et 1950. « Les rapports entre la France et le Niger » sont « maintenus dans l’esprit d’amitié et de confiante coopération qui avaient marqué leurs relations » avant l’indépendance, est-il écrit dans l’exposé des motifs d’un projet de loi français de 1961 visant à ratifier un traité de coopération entre les deux pays. Hamani Diori qualifiera en 1972 les liens entre son pays et la France d’« indissolubles ». | | 
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1965
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La découverte d’uranium
| Dans les années 1960, les géologues du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), un organisme public de recherche français, prospectent pour trouver de l’uranium dans le nord du Niger. Ils découvrent en 1965 un gisement important dans la zone où se situe désormais la ville d’Arlit [voir une carte]. L’exploitation de ce gisement débute en 1971. Elle est assurée par la Somaïr, une entreprise détenue principalement par le CEA et des entreprises françaises (aujourd’hui à 63 % par l’entreprise publique française Orano et à près de 37 % par l’État nigérien). Indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires sur lesquelles la France a bâti sa politique d’indépendance énergétique, l’uranium occupera un rôle central dans les échanges entre la France et le Niger. « La balance commerciale bilatérale est historiquement et structurellement favorable au Niger », même si le déficit français tend à se réduire ces dernières années « du fait de la nette diminution des importations d’uranium », la France ayant diversifié ses sources d’approvisionnement, écrit le ministère français des Affaires étrangères dans une note mise à jour en 2022. |
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1974
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L’influence française fragilisée par un coup d’État
| Un coup d’État mené par le lieutenant-colonel Seyni Kountché renverse le président Hamani Diori le 15 avril 1974 sans que les militaires français présents au Niger interviennent pour l’empêcher. Hamani Diori accusera les dirigeants français d’avoir pensé que le Niger, qui s’était rapproché de la Libye, « allait échapper à l’influence de l’ancienne métropole » et d’avoir favorisé le coup d’État. S’appuyant sur les archives de Jacques Foccart, alors secrétaire général de l’Élysée pour les affaires africaines et malgaches, l’historien Klaas van Walraven conteste cette hypothèse dans une publication de 2014 : les communications entre les responsables français au Niger et en France montrent qu’ils « furent complètement pris au dépourvu » et que le vide créé par la mort le 2 avril 1974 du président de la République, Georges Pompidou, compliqua la prise de décision. « La chute de Diori représenta un signe de la perte de l’influence française », estime l’historien. Le nouveau dirigeant nigérien conservera des relations cordiales avec la France et signera dès 1977 un accord de coopération militaire technique avec elle. |
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2013
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L’envoi de militaires pour contrer les djihadistes
| En janvier 2013, à la demande des autorités maliennes, la France déclenche une opération militaire baptisée « Serval » pour mettre fin à la progression de combattants djihadistes se dirigeant vers Bamako, la capitale du Mali. Pendant cette opération et celle qui lui succédera jusqu’en 2022, l’opération Barkhane, près d’un millier de militaires français en moyenne sont présents au Niger, pays frontalier du Mali. Ils y assurent principalement des missions logistiques de soutien aux troupes présentes au Mali, explique le ministère des Armées à Brief.me. Un coup d’État en août 2020 portera des militaires au pouvoir au Mali, créant une période de fortes tensions avec la France et provoquant le départ des soldats français en 2022. Une partie d’entre eux seront redéployés au Niger. 2 500 militaires français sont actuellement engagés au Sahel, dont 1 500 au Niger, précise le ministère des Armées. Les auteurs du coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger contestent l’efficacité de cette présence française et dénoncent une « dégradation continue de la situation sécuritaire ». |
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2018
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Le Niger parmi les pays prioritaires pour l’aide au développement
| En février 2018, un comité interministériel fixe les priorités de l’aide publique au développement de la France. Il définit 19 pays prioritaires, presque tous en Afrique, dont le Niger. Le Niger est l’un des pays les moins développés au monde, selon l’indice de développement humain, établi par l’ONU pour évaluer la santé, l’éducation et le niveau de vie d’une nation. Il est « enclavé, soumis à des conditions climatiques extrêmes » et « doit relever les défis d’une forte croissance démographique et de l’instabilité sécuritaire régionale », écrit sur son site l’Agence française de développement (AFD), principale institution de mise en œuvre de la politique française de développement. Elle explique qu’elle accompagne le pays dans des secteurs comme la sécurité alimentaire et le développement rural, l’éducation, l’accès à l’eau et l’énergie. L’aide fournie par l’AFD prend la forme de subventions ou de prêts à taux avantageux. En octobre 2022, elle soutenait 58 projets pour un montant total de 745 millions d’euros. |
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LE SAVIEZ-VOUS ?
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Cinq coups d’État en 50 ans
| Le Niger a connu cinq coups d’État en un demi-siècle : en 1974, en 1996, en 1999, en 2010 et en 2023. Celui de 2010 avait eu pour particularité de déboucher sur un retour rapide à la démocratie. Affirmant vouloir lutter contre la corruption dans le pays, les militaires arrivés au pouvoir organisent une élection présidentielle moins d’un an après leur putsch. Elle est remportée par Mahamadou Issoufou, ancien opposant du président déchu l’année précédente. Il quittera le pouvoir au bout de deux mandats, comme le veut la Constitution nigérienne. C’est son successeur, Mohamed Bazoum, que les putschistes viennent d’écarter du pouvoir. |
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